Vitamine D au lieu du vaccin?
Donner de la vitamine D à mon enfant plutôt que le vaccin contre la COVID… Vraiment?
Donner de la vitamine D à mon enfant plutôt que le vaccin contre la COVID… Vraiment?
Vraiment. À noter toutefois que ce texte ne porte pas sur les possibles dangers des nouveaux vaccins. Je me contenterai de dire qu’on en sait très peu sur les risques à long terme de ces injections.
L'idée que la vitamine D pourrait protéger contre la COVID est pratiquement aussi ancienne que la COVID elle-même. Dès le début, les personnes qui connaissent les grands enjeux de santé publique, ou encore les vitamines, savaient que la vitamine D n'est pas simplement la vitamine des os sains, tout comme la E n’est pas que celle d'une grossesse réussie (tocophérol : tokos = progéniture, pherein = porter) ou la C celle des marins scorbutiques (acide a-scorbique).
Des années de recherches et d'études cliniques ont démontré que la vitamine D aide à prévenir et à combattre les infections respiratoires… et notamment les infections à coronavirus! En 2017, plus d'une vingtaine de chercheurs et chercheuses d'une dizaine de pays ont publié dans le British Medical Journal une analyse de l'ensemble de la recherche sur l'effet d'une supplémentation en vitamine D sur les infections respiratoires. Les données, de haute qualité selon les normes actuelles, avaient démontré que les personnes manquant de vitamine D voyaient leur risque d'infection respiratoire baisser de moitié avec la supplémentation!
Tweet publié par la bien connue spécialiste des vitamines Rhonda Patrick quelques jours après le début de la pandémie.
Une étude si probante, s'appuyant sur des données de haute qualité, publiée par tant de sommités internationales, dans une des revues savantes les plus respectées, allait sans nul doute bouleverser les politiques de santé publique des pays où l'on manque vitamine D, n'est-ce pas?
Malheureusement non. En fait, même s'il est reconnu que le manque de vitamine D touche au moins le tiers de la population humaine, probablement la moitié si l'on fixe des objectifs légèrement plus ambitieux, les agences de santé publique restent de marbre. Pourtant, la vitamine D aide également à prévenir certains cancers et pourrait être utile dans diverses maladies de civilisation (diabète, hypertension, allergies, auto-immunité).
Plusieurs facteurs pourraient expliquer cet immobilisme. Premièrement, un facteur bien connu dans le monde médical, la force d'inertie : les choses ne changent pas parce que les choses n'ont pas changé, alors que nous avions déjà des preuves il y a des décennies. On dit souvent que le délai moyen est de 17 ans!
Morris ZS, Wooding S, Grant J. The answer is 17 years, what is the question: understanding time lags in translational research. J R Soc Med. 2011;104(12):510-520. doi:10.1258/jrsm.2011.110180
Deuxièmement, la peur des suppléments : les agences de santé publique sont réticentes à recommander l'automédicamentation. Troisièmement, et cela a été signalé par certains chercheurs, les recherches qui montrent que la vitamine D est efficace contre les infections respiratoires peuvent être perçues comme des menaces à la vaccination (cela a déjà été donné comme argument pour refuser de financer la recherche). Il en va de même, d'ailleurs, pour les autres maladies que l'on traite avec des médicaments. Encourager la prise de suppléments pourrait détourner la population de traitements plus « sérieux », selon certains.
Un exemple parmi d’autres d’opposition à la médecine préventive au nom de la vaccination. L’auteur est un médecin.
Il existe probablement une foule d'autres raisons pour lesquelles la vitamine D, comme tant d'autres molécules, a été négligée, et, pendant la crise de la COVID, combattue. Au début de la crise, comme on pouvait s'y attendre, il est apparu que les personnes les plus vulnérables à la COVID étaient également les plus à risque de manquer de vitamine D : personnes âgées, en surpoids, non blanches, diabétiques, et souffrant d'hypertension.
Brown RA et coll. COVID-19 ’ICU’ risk – 20-fold greater in the Vitamin D Deficient. BAME, African Americans, the Older, Institutionalised and Obese, are at greatest risk. Sun and ‘D’-supplementation – Game-changers? Research urgently required. BMJ 2020;369:m1548
Simple corrélation, aucun lien de cause à effet établi? On sait que l’exposition au soleil est la principale source de vitamine D. Il a été souligné que la maladie frappait plus fort là où il y avait moins de soleil; on a alors parlé de régions frappées durement par la COVID où le soleil ne semblait pas manquer… mais les populations de ces régions s'en protégeaient, si bien que l'hypovitaminose D y est aussi endémique. Ultérieurement de nombreuses études solides sont venues confirmer qu'il y avait une corrélation inverse très forte entre la gravité de la COVID et le risque de l'attraper, d'une part, et les concentrations sanguines de vitamine D, d'autre part.
Imperturbables, les défenseurs du statu quo ont répliqué que ce n'étaient que des corrélations et que la maladie pourrait fort bien causer le manque de vitamine D et non l'inverse, et ce en faisant totalement abstraction des études antérieures que nous avons mentionnées et du fait que la vitamine D est intimement liée à l'immunité.
Aujourd'hui, il est prouvé que la relation de cause à effet va dans le sens attendu, c'est le manque de vitamine D qui est la cause et non l'effet : des chercheurs ont montré que l’hypovitaminose était là avant que la maladie survienne : les personnes dont on connaissait les concentrations de vitamine D avant que la maladie survienne et qui avaient des concentrations faibles étaient beaucoup plus à risque d’infection et de complications que les autres.
Commentaire sur COVID-19 Mortality Risk Correlates Inversely with Vitamin D3 Status, a Mortality Rate Close to Zero Could Theoretically Be Achieved at 50 ng/mL 25(OH)D3: (125 nmol/L) (« Le risque de mortalité due à la COVID-19 est inversement corrélé aux taux de vitamine D3. Un taux de mortalité proche de zéro pourrait théoriquement être atteint à 50 ng/mL de 25(OH)D3 : (125 nmol/L) ».)
Nous voilà donc à l'approche du 2e anniversaire de la pandémie et rien n'a été fait pour rétablir des concentrations normales de vitamine D dans la population alors que cela aurait pour effet de limiter le nombre d'infections, ce que les vaccins ne parviennent pas à faire de façon très efficace (voir ci-dessous).
Étant donné la gravité relativement minime de la COVID chez les enfants et le fait que la vaccination n'aura qu'un effet très modeste sur la transmission et le risque d'infection; étant donné que la vitamine D a un effet clair sur le risque d'infection en particulier (parce qu'elle vient se loger dans les voies respiratoires, contrairement aux vaccins), est-il seulement raisonnable de s'en priver?
Certains diront que les résultats scientifiques n’étaient pas, ou ne sont toujours pas, au rendez-vous. Qu’il manquait ou manque ceci-cela à la masse d’études déjà faites. Que cela soit vrai ou pas, ce sont des questions d’ordre scientifique. Sur le plan médical, au 13 mars 2020, il était non seulement justifié, mais impératif de combattre l’hypovitaminose D.
En principe, les tests de vitamine D devraient être aussi facilement accessibles que les tests PCR. Ce n'est pas le cas, et il faut s'appuyer sur un raisonnement tout simple : il est extrêmement improbable que nos enfants et nous ayons suffisamment de vitamine D une fois l'automne arrivé. Si par chance c'était le cas, les doses de vitamine D recommandées pour les personnes en hypovitaminose ne seraient pas toxiques et pourraient même apporter quelques bienfaits supplémentaires. Après tout, les doses recommandées n'équivalent tout au plus qu'à une quinzaine de minutes de temps passé en tenue légère sous un soleil d'été.
La vitamine D aux doses que l'on peut recommander pour un enfant, c'est-à-dire entre 1000 et 4000 UI par jour, ne coûte que 2 à 5 sous. Il reste que la perspective de donner chaque matin un à quatre petits comprimés ou bonbons en gelée à un enfant pendant des années, à chaque automne et hiver, peut sembler assez rébarbative pour un parent. N’y a-t-il pas moyen de régler le problème avec l'alimentation? Comment se fait-il que nous soyons des millions, voire des milliards, à devoir dépendre de ces petits comprimés environ la moitié de l'année pendant toute notre vie?
Premièrement, il faut savoir que nous sommes des créatures des tropiques. Nos corps n'ont pas tellement changé depuis que nous avons quitté (du moins une bonne part d'entre nous) ces régions chaudes et ensoleillées. De plus, nous ne vivons plus guère à l'extérieur. Plusieurs peuples nordiques ont combattu le manque de vitamine D en consommant du poisson et, surtout, des extraits de poisson (la fameuse huile de foie de morue en est un exemple). Malheureusement, ce ne sont pas des solutions abordables, ni sécuritaires, étant donné le risque d'exposition aux polluants qui s’accumulent dans le gras des poissons. La prise de ces comprimés pas plus gros que des Tic tac reste la meilleure solution à l'heure actuelle.
Peut-être qu'un jour les agences de santé publique feront leurs devoirs et exigeront l'enrichissement de certains aliments avec des doses adéquates de vitamine D, comme elles le font avec l’acide folique et d’autres vitamines du groupe B. D'ici là, nous sommes laissés à nous-mêmes, à moins d'avoir un médecin renseigné.
Il demeure que dans l’état actuel des connaissances scientifiques, il est très recommandable et sécuritaire de prendre des suppléments de vitamine D lorsqu’on s’expose moins au soleil durant les mois les plus froids, pendant lesquels les quantités d'UV qui nous parviennent sont généralement très faibles. Toujours dans l’état actuel des connaissances scientifiques, on ne sait pas si les injections proposées contre la COVID sont sécuritaires à long terme pour des enfants en plein développement.
À vous de tirer vos conclusions.
Cochrane review., 24 mai 2021. La vitamine D est-elle un traitement efficace et sûr de la COVID-19 ?La vitamine D est-elle un traitement efficace et sûr de la COVID-19 ?
Principaux messages
- Nous n'avons pas trouvé suffisamment de données probantes de bonne qualité pour juger si la vitamine D est un traitement efficace ou sûr chez les adultes atteints de la COVID-19.
- Nous avons besoin de plus de recherches sur ce sujet. Les recherches futures devraient se concentrer sur des études bien conçues avec des méthodes robustes.
- Nous avons identifié 21 études sur ce sujet qui sont en cours. Nous mettrons à jour cette revue lorsque de nouvelles données probantes seront disponibles.
https://www.cochrane.org/fr/CD015043/HAEMATOL_la-vitamine-d-est-elle-un-traitement-efficace-et-sur-de-la-covid-19